La devise du réseau est : « Le premier devoir de l’empereur, c’est d’aller bien ».
Pouvez-vous nous l’expliquer ?

ANTOINE :
Oui, il s’agit d’une citation asiatique que nous a transmise Olivier Bérut, conférencier et auteur d’ouvrages pour réenchanter le monde de l’entreprise. Il part d’un constat : les dirigeants sont majoritairement des experts métier. Ils n’ont pas la dimension managériale et pas les recettes pour choisir leur place. C’est pourtant une priorité, cet alignement.


SERGE :
Aller bien c’est aussi savoir s’écouter. Quand on se met trop la pression, on étouffe quelque chose ! Mais le corps est plus intelligent que la tête, il dit toujours la vérité quand il souffre.

 

Quelles sont les méthodes que vous utilisez pour renforcer le bien-être des dirigeants ?

SERGE : J’accompagne les dirigeants et les CODIR pour fluidifier les relations humaines. J’utilise pour cela l’énnéagramme, un enseignement qui aide les participants à identifier leurs talents mais aussi leurs fragilités. Et lorsqu’un groupe humain est capable d’en parler, il gagne en maturité et en plaisir de travailler ensemble.
ANTOINE : J’ai été initialement formé au fonctionnement du système et aux processus des groupes théorisés par Eric Berne et à l’analyse transactionnelle, à l’écoute active et aux différentes méthodes mises en place à partir de la pensée de Carl Gustave Jung, autour de la pensée, du sentiment et de l’action, comme le modèle MBTI par exemple. J’ai d’autres outils disponibles en fonction de la demande.

La crise sanitaire a mis en évidence certaines souffrances en entreprise. Qu’avez-vous observé chez les dirigeants ?

SERGE : Depuis la crise sanitaire et face à l’incertitude croissante, le nombre de cadres victimes de burn out a doublé. Les Dirigeants ne sont pas épargnés et sont soumis encore plus à la pression des résultats. Avec des sollicitations multiples et des agendas hyper chargés, il leur est difficile de rester lucides et de ressentir la limite à ne pas dépasser. Ils ne s’écoutent pas assez… Or pour accueillir de nouvelles choses, il faut savoir aussi faire le vide en soi. Faute de quoi le corps lâche et manifeste des troubles tout à fait prévisibles, troubles du sommeil, hypertension, problèmes de digestion…

« Quand les dirigeants se questionnent en profondeur, ils gagnent sur tous les plans. »

Concrètement, que trouvent-ils comme aide chez OPME ?

ANTOINE : Ils peuvent apprendre à mieux se connaître grâce au regard des autres et aux échanges entre pairs. Ce nouveau discernement renforce leurs talents. Je prends souvent l’image d’un entraînement dans une salle de sport. Les poids qu’ils devront soulever ne seront pas moins lourds, il y aura toujours des difficultés. Mais ils vont renforcer leur capacité à les gérer avec des choix faits en conscience.

Que peut-on mettre en place avant d’arriver au burn-out ?

SERGE : Pour les soufis au 12e siècle, la « maladie est aussi le remède ». La souffrance informe qu’une limite a été franchie. Malheureusement c’est souvent à cause ou grâce à l’épreuve subie que nous réalisons qu’il faut gagner en conscience de soi pour préserver notre santé. Milles chemins sont envisageables pour développer la conscience de soi : méditation, yoga, sophrologie et bien d’autres encore pour ralentir sa course, apaiser ses émotions, savourer le présent.

Quels progrès repérez-vous le plus souvent après ce type de démarche ?

ANTOINE : Souvent je vois des dirigeants qui veulent progresser toujours plus, comme le dit Serge. En réalité, ils ont plutôt besoin d’enlever des mécanismes de défense et des croyances, d’enlever des strates pour accepter d’être bon là où ils ont déjà du talent.

SERGE : Je constate vraiment un phénomène de maturation vers 40-50 ans. Avant on se croit immortel. Quand les dirigeants se questionnent en profondeur, ils gagnent sur tous les plans. La hausse du chiffre d’affaires est intimement liée à ces dimensions personnelles.

*Étude menée en février et mars 2021 auprès de 800 dirigeants d’entreprise de moins de 250 salariés du secteur privé (hors agriculture) par Malakoff Humanis.